samedi 17 octobre 2009

Le Marais par Joseph Lamiaud

RESSOURCES

II y a quelques siècles les ressources étaient de deux sortes : l’agriculture et la pêche. Dans les registres paroissiaux (qu'on dirait aujourd'hui d'état civil) presque tous les habitants étaient définis sous deux rubriques :
1) LABOUREUR à " bras et à boeufs
Partie agricole comportant inéluctablement les travaux suivants : Culture, soins, récoltes,
2):PECHEURS.
A la fin du siècle précèdent et au tout début du XXe siècle on trouve les artisans
Charpentiers, charrons, bateliers, tisserands, sabotiers, maréchaux-ferrants, un ou deux horlogers, ferblantiers, menuisiers.
Le commerce comprenait évidemment des épiciers, merciers, cabaretiers, marchands ambulants, boulangers.
Les industriels, peu nombreux, furent le fruit de l'évolution agricole. La production laitière fit naître une laiterie fromagerie "BOUMIER"
Les cultures déjà spécialisées : chanvre, localisée au Bas Caillolet, lin, aux Chambeaux de la Touche, demandaient ensuite une technique astrei­gnante : récolte, rouissage, peignage etc pour aboutir à la filasse, laquelle à son tour transformée en fil par le travail féminin (par le rouet) puis mis en écheveau allait finalement aboutir sur le "métier" du tisserand.
Combien de draps, de torchons, d'essuie-main encore utilisés de nos jours sont le fruit de tout ce travail ?
Il y avait au siècle dernier plusieurs ateliers de tisserands. Un existait encore au début de ce siècle (XXe siècle)Puis cette industrie s'est anéantie.
L'organisation du marais, il y a environ 100 ans amène le développement (en plus du bois de chauffage déjà existant depuis longtemps) ce qu’on pourrait appeler le bois industriel.
Le peuplier noir, et plus encore le Blanc du Poitou, dérivé du peuplier de Virginie amena une industrie en grande partie artisanale: sabotiers et quelques ateliers de sciage : scieries.
Depuis, deux ateliers dans la commune ayant évolué suivant les besoins de nos jours sont plus spécialement orientés dans la fabrication du "contre-•-plaqué", ce qui signifie en plus de la production locale un rajout très important de bois exotiques.

ACTIVITE DES HABITANTS
Jadis, nous l'avons déjà vu, l'activité avait deux pôles. Agriculture et Pêche
Puis naissance de petits ateliers d'artisans et conjugaison avec les embryons d’industrie, les petites exploitations agricoles, 3, 4, ou 5 vaches nécessitaient une présence importante du printemps à l'automne : cultures, foins, récoltes. Puis l'hiver le travail se réduisait à quelques heures dans l'entretien des animaux (matin et soir) : nourriture, traite, nettoyage . C'était alors la période ou le travail artisanale comblait cette inactivité sabots pour un grand nombre, travail en série. Ce travail pour tous était axé sur l'exploitation du bois d’abattage, transport par flottaison utilisation en vue du produit fini sans oublier pour autant les besoins et ressources en vue du chauffage. Aujourd'hui la pêche est un petit accessoire réminiscence du passé. Deux sortes d'activités dominent : travail usine et agricole.

IMPORTANCE DE LA PECHE
Pendant plusieurs siècles les habitants étaient cultivateurs ou pêcheurs, généralement les deux à la fois.
Le marais inorganisé se prêtait volontiers à l'importance de la pêche. On péchait quasi tous les poissons d'eau douce : carpes, brochets, gardons, brèmes, tanches, goujons, etc., etc., .........et surtout les anguilles.
Des fermages dans les siècles passés comportaient une part importante d’anguilles. Les engins de pêche étaient des filets dénommés : tramaille, encreaux, etc..... pour les poissons, et bottes, bourgnons soit isolés ou adaptés à des barrages plus ou moins compliqués dénommés : boucheauds pour les anguilles. La pêche a été, a n'en pas dédaigné, une ressource locale importante.

TYPE D HABITATION
L'habitation comportait, le plus souvent, pour les humains, une pièce d'une certaine importance, servant à la fois de cuisine, séjour, 1 chambre à coucher avec cheminée, porte et petite fenêtre . Le sol était en terre battue. L'importance de la pièce permettait de se réunir entre voisins pour la veillée : travaux divers ou jeux pour les hommes, rouets pour les femmes . Une partie annexée servait ou d'atelier pour Les activités artisana­les : ou des tables, grandes pour les cultivateurs. L'éclairage était constitué anciennement de lampes à huile (produit habituellement récolté) puis plus récemment de lampes à pétrole.

TOURISME
L'absence depuis longtemps d'un hôtel et même d'un simple restaurant est certainement responsable de l'inorganisation locale du tourisme
Le village d'IRLEAU, plus entreprenant semble t il a connu trois boulangeries, une boucherie charcuterie, un commerce de vin, divers épiceries cafés etc ... et surtout le siège de la laiterie coopérative. Sans oublier bien sur une usine de bois aussi bien à IRLEAU qu'au VANNEAU

EVOLUTION
La partie de l'activité axée sur l'agriculture semble diminuer assez nettement par disparition de nombreuses petites exploitations. Par contre l'importance des deux usines de bois, plus une industrie de ronds de serviettecompense largement cette diminution. Le nombre de plus en plus croissant d'habitations le prouve abondamment.

Quelques Procès

le plus ancien date du 13 avril 1508 Jacques de BECHILLON a obtenu le 13 avril 1508, de Guillaume JOUBERT, lieutenant général du gouvernement de la ville de la Rochelle, une sentence de condamnation contre « Jean GOUMARD ? soi disant seigneur de Blanzay et de Jean ACARIE soi disant seigneur « du Fief et du Puy du Fou, son beau frère, lesquels, armés et embastonnés d’arbalestes, « jourlmes, brigandines, épées et autres bâtons, assistés de sept à huit compagnons aussi « armés et embastonnés, avaient rompu et détruit en deux endroits, et fait ouverture à passer « charrette, les fossés que le seigneur d’Irlaud avait fait faire, il y avoit plus d’un an et jour,

« pour enclore un beau et grand fief, de belle et grande étendue, et le préserver des bêtes, « duquel fief, dépendant de la seigneurie d’Irlaud il était en possession, en vertu d’édits « royaux, et avoit joui par un, deux, quatre, six, dix, vingt, trente, quarante et cent ans, lui et « ses prédécesseurs, au vu et au su de tout le monde et des susdits GOUMARD et ACARIE, « dans laquelle (seigneurie) il avoit juridiction haute, moyenne et basse, avoit bâti et fait « planter des arbres de diverses espèces pour décoration et amélioration »
La sentence le maintient en possession du fief et de tous ses droits, et condamne GOUMARD et ACARIE aux frais et dépens
Jacques de BECHILLON écuyer seigneur d’Irlaud, le Vanneau etc.. naquit vers 1470, il mourut peut de temps après cette aventure
Extrait du Beauchet-Filleau page 401, 402- n°6
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25 avril 1791
GABILLEAU contre RAVARD et MOGUET

Le 25 avril 1791 Augustin GABILLEAU (1er maire de la commune) demeurant à Irlaud fait savoir qu’il a l’intention de former demande en justice contre Charles Ravard et Jean Moguet journalier demeurants au bourg du Vanneau pour avoir chassé et emmené du marais commun du Vanneau appelé la Ruelle, cinq vaches à lui appartenant et qu’il avait mis dans le dit marais pour y pacager ainsi qu’il en a le droit.
Charles Ravard et Jean Moguet reconnaissent qu’ils ont en effet chassé et emmené du dit marais les cinq vaches car le dit Augustin Gabilleau n’avait pas le droit de faire pâcager ses bestiaux dans le dit marais
Charles Ravard et Jean Moguet ont répliqué que la pièce de marais dans laquelle ils ont pris les vaches n’est commun qu’avec les habitants du bourg du Vanneau et non avec ceux du village d’Irlaud
Augustin Gabilleau a répliqué que le dit marais de la Ruelle est commun avec les habitants du village d’Irlaud comme avec ceux du bourg du Vanneau

Le 22 mai 1791 commence un autre procès
SABOURAUD contre RAVARD
Pierre Saboureau Journalier demeurant à Irlaud paroisse du Vanneau est le demandeur
Contre Jacques Ravard fils journalier demeurant au dit lieu du Vanneau, à ce qu’il soit tenu de le réintégré dans la possession ou il est de tout temps et notamment d’en jouir, de couper de l’herbe dans le marais commun de la Ruelle paroisse du Vanneau, qu’il soit fait défense au dit Ravard de ne plus à l’avenir l’y troubler , qu’il soit condamné de lui remettre l’herbe, la pigouille, le dail et le taillant qu’il lui a été ôté de force jeudi 12 de ce mois . Le 29 mai il est rendu jugement le dit Jacques Ravard est condamné à remettre l’herbe, et à la somme de 6 livres 10 sous plus les frais du jugement. la pigouille, le dail et le taillant ayant été rendu nuitamment à la porte de Pierre Saboureau

La Rigole

La Rigole
A l'origine, le principal exutoire de notre Marais a dû être " La Grande Rigole " mais pas telle que nous la connaissons aujourd'hui. La délibération ci—dessous nous montre que le premier projet correspondait à "La Rigole d'Amure, Canal du Chail, Petite Rigole puis Rigole de la Garette" tels que nous les nommons actuellement.
Aujourd'hui 6 avril 1825 les membres du conseil municipal de la commune du Vanneau dont les noms suivent : Jacques Paris, Pierre Ravard, Etienne Paris, Etienne Chabot, François Aucheron, Hilaire Brisset, Antoine Bonneau, François Lardy, réunis sous le Présidence de Monsieur Le Maire, prennent en considération les observations présentées par M, Albert, Président du Syndicat de Mauzé, reconnaissent qu’il est urgent et nécessaire de creuser La Grande Rigole d'assèchement qui doit traverser les marais de la commune de Sansais, d'Amure, du Vanneau, de St Georges de Rex, d'Arçais, de Damvix, et que cette rigole doit être creusée aux frais des communes , proportionnellement à la superficie de leurs fonds marins.
Considérant qu'il est du plus haut intérêt pour la commune du Vanneau de déboucher des eaux que des travaux inopportuns ont jetées sur leurs Marais qui se sont successivement détériorés par suite du barrage de Sevreau, de l'approfondissement du lit de la Sèvre en plusieurs points, notamment à la Tiffardière, par suite encore du tarissement complet des fossés qui portaient sur plusieurs points les eaux de la Sèvre. Observant de plus que la nouvelle Sèvre de Coulon a jeté un immense volume d'eau sur leurs marais, vu qu'en n'a fait aucun déblai dans la partie basse de la Sèvre notamment à Damvix et ce, sans avoir préalablement fait un procès verbal de commodo et d'incommodo.
Considérant que la rigole projetée conduira à une grande amélioration dans les marais, que la dépense de son exécution peut être évaluée à vingt mille francs à répartir entre mille hectares, ce qui porte à une contribution de vingt francs par hectare.
Arrêtent que la commune du Vanneau concourra aux dépenses pour autant de fois vingt francs que son marais communal contient d'hectares, que vu l'urgence de la dépense et l'insuffisance des revenus communaux, autorisation sera demandée à M Le Préfet des Deux-Sèvres de l’imposer extraordinairement un décime par franc sur les contributions foncières, mobilières personnelles pendant le temps nécessaire pour parfaire la cote contributive.